BeReal & influence : à quoi faut-il s’attendre ?

Depuis le 6 février 2024, les utilisateurs de BeReal sont maintenant des Reals Fans et peuvent consulter les BeReal publiés par des marques ou par des célébrités.

BeReal propose un réseau social plus réel (d’où son nom) où l’utilisateur a deux minutes pour publier une photo lorsqu’il reçoit une notification à une heure aléatoire afin de partager ce qu’il est en train de faire. Résultat : un feed d’actualité où l’on retrouve des selfies sans filtres de ses amis qui sont coincés dans le métro, en call zoom au bureau, ou dans leur lit en train de Binge watch Netflix. L’application de partage de photos, rassemble plus de 23 millions d’utilisateurs dans le monde dont 82% d’entre eux appartiennent à la Gen Z, et aspire à être à contre-courant de tout ce qui a fait le succès d’un Instagram. Mais, elle s’ouvre désormais au monde de l’influence… Paradoxal n’est-ce pas ?

BeReal est-il en train de retourner sa veste ?

En offrant des comptes certifiés aux stars et aux annonceurs, BeReal s’aligne avec l’offre des autres plateformes. L’application ouvre la porte aux acteurs qui vont réfléchir à une stratégie éditoriale et donc perdre en spontanéité – les marques ayant une volonté forte de contrôler leur image – L’authenticité tend donc à devenir de plus en plus calculée et la plateforme pourrait bien perdre son identité.

Comme sur Instagram avec l’arrivée des Stories, qui initialement, ont été proposées comme des formats spontanés pour partager sa vie quotidienne (et contrer à l’époque la montée en puissance de SnapChat). Les Stories Instagram sont finalement devenues une vitrine supplémentaire où se mélangent contenus tirés à quatre épingles et publicités. Idem pour l’algorithme TikTok qui met en avant des vidéos de plus en plus longues avec des moyens de productions de plus en plus sophistiqués. L’ouverture de ces comptes certifiés pourrait donc être un premier pas vers la production de contenus mieux produits, et l’ouverture de la sponsorisation. Normal, BeReal est en quête de son modèle économique, et la médiatisation est la seule solution à ce jour pour toutes les plateformes. Et comme pour le développement des autres réseaux sociaux, les premiers arrivés sont sans surprise les marques de luxe, lifestyle et gaming qui aiment les innovations et qui souhaitent garder leur rôle de précurseur. C’est le cas pour Dior qui immortalise les backstages de la Fashion Week, Too Faced qui partage sa vie au bureau, ou encore Adidas qui offre des contenus Behind The Scene.

Pourquoi l’influence sauvera BeReal ?

BeReal se cherche et l’application a perdu plus de 60% de ses utilisateurs depuis fin 2022. L’influence pourrait être une opportunité pour faire revenir les utilisateurs car s’il y a bien une chose commune sur les toutes plateformes c’est l’influence et sa capacité à créer des communautés engagées. C’est compréhensible que les users se lassent de leur feed “métro, boulot, dodo” mais d’un autre côté ils éprouvent un réel intérêt pour découvrir les coulisses de leurs marques et peoples favoris. Pour que cela fonctionne, l’application doit garder son authenticité avec des influenceurs qui jouent le jeu en partageant des contenus spontanés, sans filtres, sans prod… BeReal peut alors se positionner sur l’offre des plateformes disponibles aux influenceurs et donc dans l’usage global des médias sociaux ; Instagram comme vitrine, TikTok et YouTube comme divertissement et enfin BeReal comme la plateforme au plus près de la réalité et de l’instantanéité. 

Face à cette croissance en berne, BeReal vient de se faire racheter par l’application Voodoo pour 500 millions d’euros. L’entreprise française, leader du marché de l’édition d’applications et de jeux mobiles, optera-t-elle pour un modèle d’abonnement payant ou plutôt pour la publicité ? Le modèle économique se devra d’évoluer. Mais si la volonté de positionner l’application comme une plateforme sociale nouvelle génération persiste, ils ne pourront pas négliger l’impact des créateurs de contenus et de l’influence marketing.

Parier sur l’influence est évidemment une stratégie payante quand on sait que plus de 90% des consommateurs expliquent avoir découvert au moins une marque grâce à des influenceurs, tandis que 74% d’entre eux ont déjà acheté un produit. En effet, si les influenceurs rejoignent BeReal les marques y verront également une opportunité, et le cercle vertueux “audiences / créateurs / annonceurs” participera à la longévité du réseau social.

Alors BeReal or not BeReal ?

Si BeReal a eu un succès c’est qu’il répond à des usages et c’est intéressant pour une marque d’y aller afin de rechercher de nouvelles audiences. La plateforme fait bouger les lignes en termes de création de contenus et de consommation, elle permet de se démarquer et aussi d’innover. Les marques peuvent imaginer des stratégies de contenus multiples : backstage, marque employeur, photos fun et décalées, actualités…

BeReal est pertinent pour un annonceur qui souhaite compléter sa stratégie cross plateforme et qui a une appétence pour l’innovation ou encore l’envie d’élaborer sa création de contenu sous un nouvel angle. Il peut être particulièrement pertinent d’envisager BeReal pour les clients qui cherchent à atteindre la jeune génération. Si BeReal parvient à attirer des audiences grâce à l’influence, elle deviendra une plateforme idéale pour cibler la Gen Z. BeReal se positionne comme la plateforme de l’authenticité, et étant donné que 92% de cette génération préfère soutenir des marques éthiques et authentiques, cela offre une opportunité significative pour les annonceurs.

Mon rôle en tant que responsable Influence au sein d’une agence de communication est de réfléchir en termes d’écosystème social media et influence, et avec la réalité budgétaire de nos clients. Ont-ils le temps et les ressources pour y être performants ?

Avant toute décision, posons nous ces questions : est-ce que mon écosystème est déjà robuste ? Car BeReal ne s’inscrira pas comme une plateforme mère dans une stratégie social media, mais comme un formidable complément qui viendra renforcer l’attachement et l’adhésion à une marque.

Cécile Briançon